L'envoûtement des sirènes s'étend sur l'Atlantique Sud

D'un pas léger, Sorrente parvint au pied du Pilier de l'Atlantique Sud. Il régnait un silence absolu en ces lieux, nul Marina de poséidon à proximité, ni aucune sirène, ni aucun animal quel qu'il soit, ne venait perturber l'atmosphère. On aurait dit que tous attendaient respectueusement un mot ou une action du Gardien du Pilier.

Prenant la pleine mesure de la sérénité de l'Océan dont il avait désormais la responsabilité, Sorrente, le Général de la Sirène Maléfique, se laissa imprégner par chacun des éléments de son nouvel environnement. Il se sentait chez lui, ici, tout venait naturellement, comme s'il y avait toujours vécu...

S'abandonnant aux flots de ses pensées vagabondes, il repensa aux étranges impressions que Poséidon lui avait laissées. Il aimait beaucoup les possibilités et les découvertes que lui avait ouvertes son ascension vers ce statut visiblement envié de Général des Mers.

Mais différentes choses lui déplaisaient également, des détails, des broutilles sans importances, tels que le mot "Maléfique" associé à sa créature totem. Il n'avait pas du tout cette vision des sirènes, au contraire ! Dorénavant, il répondrait au nom de Sorrente de Sirène. De même, bien qu'il ait pris grand soin de ne pas en laisser paraître outre mesure, une certaine curiosité piquait le jeune Edel quant aux projets que pouvait nourrir Poséidon.

Revenant à la réalité, Sorrente décida de s'asseoir sur la rampe gauche de l'escalier qui menait en haut du promontoire sur lequel s'élevait le Pilier, et sortit sa flûte traversière. La portant à ses lèvres, il entama une douce mélopée, qui, rapidement pris de l'ampleur, du corps, et résonna dans tout l'Océan Atlantique.

C'était la façon de Sorrente de saluer tous ses résidents, y compris son homologue, le tout récent Général de l'Atlantique Nord, Kalek du Dragon des Mers. Il le savait torturé par la culpabilité et le désir de racheter les actes de Kanon, le traître. Le Général de Sirène considérait ces sentiments infondés car Kanon était maître de ses actes, et souhaitait aider Kalek à s'apaiser.

Petit à petit, une voix vint se mêler harmonieusement à la mélodie. Sans s'arrêter de jouer, Sorrente ouvrit les yeux, et regarda en face de lui. Sur la rampe opposée, était posée Thétis la Sirène, la magnifique jeune femme avec qui il avait passé des heures à enchanter les fonds marins de leurs duos.

Tous les habitants des Océans semblaient retenir leur souffle, captivés par les chants envoûtants, quand, soudain, un appel résonna dans tout le Sanctuaire sous-marin, avec force et majesté. Il était immanquable et immédiatement reconnaissable : c'était Poséidon.

*Marinas et Généraux, je suis Poséidon votre Dieu, je vous convie à fêter mon retour dans le royaume ainsi que le retour de ma femme, venez dans mon temple.*

Sorrente acheva son interprétation, remercia chaleureusement Thétis, se leva et prit le chemin de la salle du trône du Dieu des Océans.